Marche N°3 Feriel

J'ai une petite pointe à l'idée de guider la marche. Je pense au rythme, j'ai envie de sport, d'effort physiques, d'inspirations profondes, et d'expirations encore plus longues. Alors je marche à grandes foulées, comme si fuyais. RDV à châteaux d'eau, nous empruntons le boulevard barbés, bien connu. Direction Pigalle, il reste pas mal de "vie" palpable interdite au touché. Beaucoup de voiture, du linge qui sèche aux fenêtres, du bruit de paroles, de la saleté et des déchets anonymes. En remontant vers Montmartre, je me dis que je suis la touriste la plus chanceuse, j'admire les balcons des bâtiments en souriant. Je croise le regard d'une femme à sa fenêtre, mon sourire est encore là, je pourrai le lui offrir mais elle s’exclame : " C'est ça, vous n'avez rien de mieux à faire que de vous balader ?! C'est bien ça, hein, c'est bien, bravo !" Oui madame, je n'ai envie que de ça, c'est même la meilleure des choses que je fais de la journée. Sur le pont au dessus du cimetière nous croissons les joggeurs, qui seront interdits dès demain en journée entre 10h et 10h. A chaque fois que l'un d'entre eux arrive à moi, je coupe ma respiration. Supporter de partager le même air que les autres. De tes poumons à mes poumons et de nouveau de mes poumons à tes poumons, quatre petites petites poches semblables. Nous terminons la marche derrière le café de Mademoiselle Raymonde, Nataska me dit que nous avons déjà croisé le type qui est à la porte de l'immeuble, lorsque nous étions sur le pont du cimetière. Son visage ne me dit rien, mais nous avons certainement partagé le même air.